Une petite fille dans un corps frêle et fatigué de presque 70 ans, que la vie a fait naître handicapée. Un handicap mental, une déficience intellectuelle la rendant à jamais dépendante comme une enfant.
Elle avait 34 ans et déjà des fils argentés dans les cheveux quand je suis née et qu'elle est devenue Tata pour la première fois.
Il m'a fallu quelques années pour comprendre qu'elle avait quelque chose de particulier ma Tata Annie. Moi, je n'avais pas d'autres oncles et tantes donc une tata, c'était forcément une Tata Annie.
C'est chouette d'avoir une Tata Annie quand on est gamin. Parce qu'elle peut nous surveiller, nous courir après dans les champs et alerter les parents en cas de danger. Parce qu'elle est drôle avec sa façon de parler et ses expressions bien à elle. Parce qu'elle aime faire le clown et nous voir rigoler. Parce qu'on rit avec elle, non pas à ses dépends mais avec toute l'affection qu'on lui porte.
Avoir une Tata Annie, c'est entendre une version décalée de l'actualité dont elle ne perd pas une miette: de la vie politique française aux frasques de Johnny Hallyday. C'est déconstruire tout un système de communication pour comprendre le monde à travers ses yeux.
Avoir une Tata Annie c'est percevoir l'angoisse de ma grand-mère et le souci de mon père. Et s'il nous arrive quelque chose, que deviendra-t'elle, qui s'occupera d'elle? C'est faire pour elle les choix qu'elle ne pourra pas faire. C'est se demander toujours si ce sont les bons sans avoir de certitude.
C'est faire face, l'âge avançant, à un handicap physique et un vieillissement précoce. C'est vivre au jour le jour et s'adapter.
C'est savoir que l'on côtoie quelqu'un de spécial. Que sa différence transcende ses proches. Que l'amour et l'affection sont là, aussi puissants que la détresse parfois.
C'est ce mélange de soulagement et de chagrin aujourd'hui. C'est se dire qu'elle a été quelqu'un et que son empreinte nous aura marqués, par sa personnalité comme par sa différence.
À Annie et à tous les enfants spéciaux,
À mes grands-parents et à tous les parents qui ont vécu ou vivent le handicap,
Je partage cette magnifique et tellement juste chanson de Linda Lemay:
Ceux que l'on met au monde
Ohlala! Ton texte est juste magnifique ❤️ Quel belle hommage à ta tata Annie. Je pense très fort à toi et ta famille ☀️
RépondreSupprimerCet hommage à Tata Annie me bouleverse. J'en ai la chair de poule et les larmes aux yeux.
RépondreSupprimerTes mots me parlent. Dans le cadre de mon activité professionnelle je travaille en lien avec des ESAT. Je me souviens avec acuité de l'émotion qui m'a envahie lorsque, fêtant les 40 ans de l'établissement, parents et usagers ont témoigné de leurs parcours de vie. Tu as tout dit du bonheur que ces enfants spéciaux sont venus offrir au monde, de l'inquiétude légitime de leurs parents quant à leur avenir.
Je pense très fort à ta Tata et à toutes les personnes qui l'aimaient.
Merci pour ton message. ❤️ Nous mesurons aujourd'hui la place qu'elle avait dans la famille.... malgré les difficultés. Elle laisse un grand vide.
SupprimerCoucou ma belle. Ton texte est tellement émouvant. C'est un magnifique hommage à ta tata. Plein de courage dans ces moments difficiles. Gros bisous
RépondreSupprimerMerci ❤️
SupprimerCoucou Lise ! Un petit mot comme tu sais les écrires, plein de poésie , d’amour , ou tu nous confies avec une grande simplicité et toute ta sensibilité la douleur qui est la tienne !
RépondreSupprimerNous pensons très fort à toi et t’adressons de gros bisous ainsi qu’à toute ta petite famille
Merci Alain ❤
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