lundi 5 septembre 2016

C'est dur d'être maman?


La semaine dernière, une de mes collègues fraîchement trentenaire et nullipare, m'entendant évoquer une fois de plus mes nuits pourries et mes obligations parentales diverses, a lâché cette réflexion: "oh là, là, quand je vous entends toutes avec vos marmots, ça ne me donne vraiment pas envie d'en avoir!!"

Et là, une réflexion s'est imposée à moi: A trop se plaindre, notre génération pourrait-elle entraîner l'extinction de l'humanité? (Oui, rien que ça. Je sais, là tu te dis que je suis sous l'emprise de stupéfiants. Rassure-toi, il semblerait que ce genre de pensées soit simplement la conséquence d'un manque de nuits complètes depuis plusieurs années).

Je m'explique. Avez-vous le souvenir que vos mères se plaignaient de quoi que ce soit? Nan. Elles nous ont vendu l'image d'une maternité épanouie. Aujourd'hui, ma propre mère se rappelle combien ce fut dur: le manque de sommeil, la course du quotidien, les inquiétudes diverses. Mais elle s'est bien gardée d'en parler avant qu'on se lance dans le moindre projet de conception! Pas folle la guêpe, elle voulait assurer sa descendance. Tout juste si elle nous a parlé, à ma soeur et à moi, des douleurs de l'accouchement. Ensuite, que du bonheur, assurait-elle.

De même, la génération qui nous a précédée, aujourd'hui quadragénaire et parent d'ados boutonneux est restée discrète sur la question. Grâce à elle, j'ai nourri des fantasmes nombreux sur une maternité épanouie, source d'accomplissement personnel. Sur des petits bébés à câliner, des enfants à éveiller au monde, le père Noël et le lapin de Pâques, les tours de manège et les petits pieds nus qui courent sur la plage. Mais pas un mot, rien, sur les suites de couches et le corps en vrac, rien sur le manque de sommeil dû aux dents, aux virus, à je ne sais quoi et la difficulté d'assurer une journée complète en ayant dormi 3 heures, rien sur les sollicitations incessantes et le fait de ne plus pouvoir aller seule aux toilettes pendants trois ans (voir plus si on a la brillante idée de faire plusieurs enfants), rien sur la difficulté d'assurer au quotidien tout en essayant de se préserver un minimum, rien sur cette foutue culpabilité qui ne te lâchera désormais plus quoi que tu fasses ou que tu ne fasses pas. Rien. Tabou. Ou alors, etait-ce moi qui ne voulais voir et entendre que ce qui m'arrangeait? Peut-être qu'il y avait des signaux d'alerte que je ne voulais pas capter. C'est possible.

J'ai eu mon premier enfant en 2009. J'ai vécu une dépression du post-partum. Vraiment. Épuisement, hormones qui dansaient la samba, désemparée devant ce mini être humain qui hurlait non-stop et dont la survie dépendait de moi. Un jour, j'ai osé confier mon desarroi à une amie, maman d'un petit garçon de quatre ans. Elle m'a répondu à mi-voix:"oui, c'est un peu dur d'être maman" et puis, elle m'a raconté ses débuts difficiles avec son fils. Elle, la super maman qui assurait grave avec son fiston. MAIS BODEL!!!!!! POURQUOI NE M'AVAIT-ELLE RIEN DIT AVANT?????  Pourquoi personne ne m'avait dit que c'était aussi dur?

Quelques mois après, Florence Foresti a sorti son spectacle Mother Fucker. Et j'ai découvert les blogs. Ça y est, les mères osaient enfin dire que ce n'était pas qu'une partie de plaisir d'avoir des enfants. Que c'était dur parfois. Mais aussi qu'on pouvait en rire pour déculpabiliser et en parler ensemble pour mieux le vivre.

Sept ans plus tard, il me semble que le sujet est moins tabou. Dérision, déculpabilisation, les mamans n'hésitent plus à dire les choses comme elles les vivent. Personnellement, je suis très investie dans mon rôle de maman. Depuis des années, ma vie tourne autour de ma famille et de mes enfants. Avec de très bons moments et des moments plus difficiles. Oui je me plains souvent (parce que j'aime me plaindre, ceux qui me connaissent le savent). Je ne sais pas si je renvois l'image d'une maternité mal vécue ou difficile. Je dis juste les choses comme je les vis. Loin de moi l'idée de couper l'envie de faire des enfants.

Mais, je me suis aussi demandée quel message on transmettait à la génération qui monte. La maternité ne serait elle qu’une suite de contraintes?

Alors, pour rassurer ma collègue, mon frère, ma presque cousine, mon presque cousin et les autres à qui j'ai un peu fait peur ces derniers temps, pas de panique, les enfants c'est bien aussi! Vous vous adapterez bien vite à vos bébés et à leur rythme. Vous ne serez pas toujours de supers parents. Vous ferez à l'instinct. Parfois tout roulera parfaitement, parfois vous aurez l'impression de tout foirer. Vous essayerez, vous réajusterez, vous recommencerez. Et surtout vous kifferez! Parce que ce sera votre moment à vous, votre tour de vivre tout ça avec envie et passion. Et puis surtout, rassurez-vous, tout passe très vite. Si les couches vous gonflent, sachez que trois ans, ça passe en un éclair!

Je vous souhaite de profiter autant que moi lorsque cela vous arrivera, d'en rire, de dédramatiser et de vous soutenir. C'est parfois dur d'être maman (ou papa) mais en ce qui me concerne, c'est la plus belle aventure de ma vie!








10 commentaires:

  1. La maternité est un sujet que l'on aborde toujours difficilement dans certaines familles, il y a une certaine pudeur. On verra comment nous ferons avec nos filles le moment venu mais c'est un sujet certes important mais difficile à aborder...

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    1. J'espère quand même que je n'ai pas fait trop peur aux miennes lol. Je veux être grand-mère un jour!

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  2. Ah c'est une question que je ne me suis jamais posée... Et c'est vrai que parfois on doit dégoûter les jeunes, leur faire peur...! Mais je suis d'accord avec toi, si parfois cela peut être vraiment très dur et fatigant, pour rien au monde je ne changerais ma vie. Mes bébés je les aime, et je sais de toute façon qu'un jour mon tour viendra: moi aussi je pourrais leur en faire chier un max !! ������

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  3. Tu as bien raison Lise, la vie de maman c'est pas facile tous les jours, mais il y a vraiment de bon moment. La tout de suite je me force un peu pour l'écrire car il est 6h, tout le monde est debout et ça couine à tout va, il faut encore que je me douche, que je fasse les bibis et que j'habille 3 personnes, mais bon ça devrait le faire quand même !!

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    1. Il en faut de l'énergie pour gérer ces petits! Le quotidien, faire vite, c'est ce qui est le plus pénible! Après, il y a les câlins, les bisous, l'odeur des bébés, leurs rires, leurs progrès, la fierté, les découvertes ensemble,... J'aime bien me plaindre mais tout le reste, je n'aurais voulu rater ça pour rien au monde! Bisous ma belle!

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  4. Très juste, je me pose souvent la question, je n'ai jamais vu ma mère et mes grands-mères se plaindre de quoi que ce soit. Je pense que c'est aussi une histoire de génération: nous sommes plus à la recherche d'un épanouissement personnel, du partage des tâches et peut-être, admettons-le, dans l'individualisme que nos mères. Mais il me semble que nous mettons en avant autant les bons côtés que les mauvais, notamment dans les blogs, comme pour équilibrer la balance ;)

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    1. C'est vrai, ce n'est peut-être pas très glorieux mais nous sommes une génération un peu egocentrée donc nous ne vivons pas la maternité de la même façon que nos mamans sans doute. Ce que j'aime dans les blogs, c'est particulièrement ça: mettre en valeur les bons côtés et évoquer les mauvais avec humour et recul :)

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  5. Est-ce que vraiment nos mères et les autres générations ne se plaignaient pas? ou est-ce qu'on ne les entendaient pas parce que nous n'étions pas concernées ou que nos chères mamans avaient la décence de ne pas en parler en notre présence? Ou alors on est juste une génération de geignardes!;) Merci pour toutes ces réflexions! Bisous

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